I. LE MAGHREB DANS L’ANTIQUITÉ

 

I.a. L'époque phénicienne

 

Dans le cadre des luttes entre les puissances de l'Antiquité pour la domination des voies maritimes, la place de l'Afrique du Nord est fondamentale. Les Phéniciens débarquent à Carthage en - 814. pour fonder des ports de commerce et de nouvelles colonies. Carthage devient ainsi une puissance dont l'expansion sera considérée une menace par les Romains. Ces derniers, avec la complicité des Numides (Berbères qui habitent les territoires autour de Carthage), lui portent d'abord un coup fatal, puis l'anéantissent (en -146).

 

I.b. L'époque romaine

Devenue province, l'Afrique du Nord dépend de la volonté du Sénat. L'intervention militaire des Romains, consécutive aux tentatives de Jugurtha de coaliser les Berbères contre l'hégémonie de Rome, marque un nouveau tournant dans l'histoire de la région. Celle-ci est désormais administrée directement par des fonctionnaires romains.

En Numidie, l'an 17 marque le début d'une période de révoltes qui va durer jusqu'au déclin de Rome.

I.c. L'Église africaine

 

En 311, date de l'émanation de l'Édit de Constantin, l'Église africaine voit le jour. La conversion des Berbères est considérée par Rome comme un signe de stabilité dans la province africaine. Cependant, la littérature apologétique africaine (Tertullien, Cyprien, saint Augustin,...) ne tarde pas à faire prévaloir les raisons de l'Église sur celles de la politique. Elle conteste le pouvoir impérial et exige un pouvoir ecclésiastique autonome et absolu. En effet, les évêques comme les fidèles affichent d'emblée leur tendance à l'autonomie vis à vis du pouvoir de Rome. Au début du IVe siècle, la plupart des chrétiens d'Afrique, en dépit des persécutions, adhèrent au mouvement donatiste (un schisme né au sein de l'Église africaine de Carthage) pour revendiquer une structure ecclésiale autonome. Saint Augustin, soutenu par l'orthodoxie, parvient, à la conférence de Carthage (412) à mettre fin au schisme en formulant de nouvelles lois pour rétablir l'unité de toute l'Église africaine.

 

I.d. L'époque des Vandales

 

Au Ve siècle commence le déclin de Rome et l'Afrique du Nord constitue de nouveau une proie pour les conquérants. Les Vandales envahissent l'Espagne et l'Afrique du Nord (429) sous la direction de Genseric. Ils contrôlent d'abord le centre (l'ancienne Numidie), puis encerclent Carthage pour la conquérir en 430. Ils confisquent les propriétés et mènent une politique qui se révèle plus tard désastreuse. Irrités par les envahisseurs, les Berbères réagissent violemment. Les Vandales sont continuellement harcelés et après de nombreuses défaites n'arrivent plus à s'imposer. L'Église, qui a été privée de son autorité et de ses privilèges sous la politique des Vandales, s'adresse à Byzance pour lui demander des renforts. Sur l'ordre de l'Empereur Justinien, le général Bélisaire arrive en Afrique du Nord à la tête d'un corps expéditionnaire pour mettre fin à l'occupation vandale, en 533.

 

I.e. L'époque byzantine

 

Les Byzantins sont les maîtres absolus de l'Afrique du Nord. Mais la situation dont ils héritent rend la nouvelle province difficile à administrer, d'autant plus que les problèmes internes de l'Empire ne cessent de s'aggraver. A la mort de Justinien en 565, l'incapacité de l'administration pousse les Berbères à se révolter.

Les autres provinces orientales de l'Empire s'unissent (vers le VIIe siècle) autour d'un nouveau credo, l'Islam, pour former un État arabo-musulman qui va déterminer l'avenir de l'Orient. L'Afrique du Nord ne pourra pas échapper au projet d'expansion de ce jeune "État" qui va se comporter comme l'héritier de Byzance en terre africaine.

I.f. Conclusion

 

Pendant des siècles de présence étrangère, aucun occupant n'est parvenu à entamer le fond de la culture berbère, même si dans certains cas, on peut parler d'une certaine forme de romanisation et de christianisation. Celle-ci reste en fait limitée à certains groupes d'autochtones : Saint Augustin et Tertullien ne sont pas une preuve de l’assimilation. De même, l'emploi de la langue de l'occupant, comme le punique ou le latin, n'implique pas l'acquisition d'une culture. L'Afrique du Nord est restée berbère, "malgré les greffes" (Mohsen Toumi). Un tel fiasco se justifie, semble-t-il, par la résistance des Berbères, dont les formes sont militaires, politiques et culturelles.

En sera-t-il ainsi sous les Arabo-musulmans?