a.1. Un mot et ses dérivés: république

L’adjectif républicain qualifie les substantifs les plus divers : valeurs, droite, vigilance, mariage, parrainage… Née avec la Révolution, la République est un régime radicalement nouveau donc sans racines. L’idée républicaine n’est en France raccordable à aucune autre expérience : la révolution découvrait en effet une idée neuve en Europe, celle du bonheur et s’attelait à sa réalisation !

Les deux premières républiques sont éphémères, ce n’est qu’avec la troisième qu’elle s’installe durablement. De cette République “ pionnière ”, on oublie volontiers les erreurs (la colonisation par exemple) pour revendiquer fréquemment une fidélité, un retour à ses valeurs.

 

La France qui sera celle de la IIIe République vient de connaître une évolution sociale, l’humiliation d’une défaite, l’idée républicaine a encore beaucoup d’ennemis et ses amis ne veulent pas répéter les erreurs fatales à la IIe République qui dura peu et aboutit à un nouveau césarisme.

Les Républicains de 1880 découvrent donc l’importance de la durée. Si elle survit, elle assiéra sa légitimité;  Jules Ferry sera l’homme de cette conviction. Il veut surmonter la vision de deux France inconciliables, entretenue par les enseignements donnés à la jeunesse. Il veut réunir  Révolution et Ancien régime, réunir une seule nation derrière un seul grand patrimoine. Aujourd’hui  que l’église a accepté la république, que droite et gauche ne la contestent plus, on plaide souvent un retour à une république rendue mythique par l’ampleur des transformations sociales survenues depuis son installation : la France n’est plus un pays rural, on ne croit plus  que l’état détient la clé du changement social ni que le progrès viendra à bout du malheur humain. Ce qui nous sépare peut-être le plus de la IIIe République, c’est l’immense pouvoir qu’elle attribuait à l’école, à son pouvoir d’intégration et de correction des inégalités. Aujourd’hui l’école est contestée. Autre certitude mise à mal : la République d’alors se vivait comme une communauté universelle et  neutralisait sans états d’âme les différences culturelles, notre culture favorise aujourd’hui la particularité.

L’idée française de république n’est pas pour autant irrémédiablement perdue. L’horizon républicain endigue les dérives ultra-libérales mais, tout en refusant de placer le bien commun au-dessus des droits de l’individu, il renferme la conviction que la société républicaine est faite pour les citoyens, et doit permettre à chacun d’entre eux d’atteindre sa totale réalisation.