INTRODUCTION

 

            Parler de la France, de la Ve République, de ses institutions en les replaçant dans leur évolution historique et en essayant de rendre le tout plus accessible par une présentation, une langue et des explications simples, voilà l’objectif de ce travail.

            Le plan de la “dispensa” s’articule autour des grandes questions qui ont marqué l’évolution de cette République depuis sa naissance en 1958 jusqu’à l’actuelle cohabitation entre Jacques Chirac et Lionel Jospin. Pourquoi a-t-on changé de régime politique en 1958? Comment est née la Constitution de la Ve République? A qui appartient le pouvoir ? Quel est l’esprit de la nouvelle Constitution? Une Constitution en rupture? Qui a fait ses preuves? Que l’on révise facilement? Mais aussi les grands thèmes qui sont liés au nouveau régime : décolonisation, immigration, politique étrangère, cohabitations, grandes réformes, etc.

            Dès sa fondation, la Ve République a été vue de façon contradictoire; pour les uns, elle était chargée de tous les défauts. François Mitterrand écrivait en 1964 dans son livre, Le coup d’état permanent : “Qu’est-ce que la Ve République, sinon la possession du pouvoir par un seul homme dont la moindre défaillance est guettée avec une égale attention par ses adversaires et par le clan de ses amis? Magistrature temporaire? Monarchie personnelle? Consulat à vie? Et qui est-il lui, De Gaulle? Duce, führer, caudillo, conducator, guide?”.

 Pour d’autres en revanche, le nouveau régime présente toutes les qualités : “Le gouvernement a voulu rénover le régime parlementaire. Je serai même tenté de dire qu’il veut l’établir car pour de nombreuses raisons, la République n’a jamais réussi à l’instaurer”. (Extrait du discours de Michel Debré devant le Conseil d’État le 27 août 1958).

            Mais ce travail n’a pas pour seul objectif de présenter l’histoire du régime français, il veut être aussi un “outil” pour tous ceux qui s’intéressent à la civilisation française et qui veulent dépasser les clichés habituels définissant la France et les Français comme “nationalistes,” “xénophobes”, atteints de la manie de “grandeur”, démontrant, mépris et dédain pour tout ce qui n’est pas français. Dans son livre, Parlez-moi de la France, Michel Winock, introduit ainsi son étude sur la France et les Français “Personne n’est plus convaincu que moi que la France est multiple, disait le général De Gaulle. Les contradictions dont les siècles l’ont pétrie intimident le portraitiste. Avance-t-on un trait singulier de son caractère qu’un autre, exactement inverse, nous saute aux yeux. La France ne cesse d’être double, royaliste et républicaine, catholique et incrédule, parisienne et provinciale, citadine et villageoise, hospitalière et xénophobe, sédentaire et expéditionnaire, voltairienne et rousseauiste, classique et romantique, ancienne et moderne, on n’en finit pas de décliner l’interminable dualité d’un pays où, tout et le contraire de tout, paraît s’y être fait naturaliser”.

             Nous voyons donc la difficulté, sinon l’impossibilité de “résumer” en quelques pages, ce pays politiquement, socialement, culturellement, ethniquement hétérogène. Et courant le risque de provoquer un sourire ironique, je crois qu’une question se pose. “Peut-on résumer la France?”