III. LES COMMÉMORATIONS

 

III.a. Présentation

Commémorer ce n’est pas seulement se souvenir, c’est faire mémoire ensemble, se rassembler dans la mémoire commune d’un événement que l’on croit fondateur. Et donc lui donner un sens pour aujourd’hui.

Nous empruntons ce rappel étymologique à l’historien Thierry Wanegffelen. Les commémorations successives que les Français célèbrent sont significatives de leur façon d’être, de se proposer et de se vivre.

Les événements, les personnages tour à tour célébrés échappent, ne serait-ce que par le choix dont ils font l’objet, au déterminisme du calendrier. Il n’est ni anodin, ni obligatoire que, de concert, institutions, associations, médias … multiplient analyses, rappels, approfondissements, publications ayant trait à certains événements, la commémoration d’un événement devenant plus importante que l’événement lui-même. L’historien commémorateur du bicentenaire de la Révolution française affirma en effet “ On ne peut douter que la façon dont s’est préparé et déroulé le Bicentenaire informera précieusement  à l’avenir, au-delà de lui-même, sur l’état de la société, de la politique et de la culture française à la fin du XXe siècle. ”

Les usages que la société fait de la mémoire sont multiples mais ils consistent certainement, tout en ouvrant une confrontation, à réactiver les valeurs qu’elle lie, au moment de sa célébration, à l’événement choisi.

Comme point d’observation nous avons choisi 3 commémorations :

 

 

·        le baptême de Clovis

·        la publication de l’Édit de Nantes

·        le J’accuse d’Emile Zola

 

         

 

 

Pourquoi ces trois-là ?

Une première justification peut-être leur proximité temporelle, toutes trois, elles  ont habité ces deux dernières années 1997 et 1998 ;  une autre sera sans doute les valeurs fondatrices que la société française y attache et les débats qu’elles ont occasionnés ; les unes et les autres nous semblent éclairer et nourrir de façon “ transversale ” le “ matériel ”  présenté ailleurs.

 

Ainsi verrons-nous apparaître, au long de ces pages, des faits liés à l’histoire et à la chronique récente tels que la querelle scolaire, l’affaire du foulard, le fait que la deuxième religion de France soit désormais la religion musulmane, la montée d’un parti raciste et xénophobe comme le Front National, les lois successives sur l’immigration etc…  Essayer de les comprendre c’est aussi savoir qu’ils s’inscrivent dans un réseau de thèmes.

 

Un outil préalable à la compréhension de ces thèmes est sans doute la connaissance de ce qui a nourri la naissance et la consolidation de la France, à travers quels traumatismes elle est passée et comment elle a tenté de les affronter. La coexistence des individus et de leurs convictions dans un même état a nécessité des ajustements, des solutions, provoqué des fractures et des réconciliations. Les commémorations représentent alors un outil pratique et confortable, elles permettent de rappeler les faits du passé et d’évoquer les échos contemporains qu’ils suscitent.